Les deux années universitaires que nous venons de vivre, très impactées par la pandémie, ont mis en relief les difficultés auxquelles sont confrontées nos étudiantes et étudiants. Leur adaptabilité, leur résilience et leur courage ne peuvent masquer l’ampleur des problèmes auxquels nous sommes confrontés. Certains concernent les études elles-mêmes, avec le risque d’une sélection par l’échec, souvent liée à une orientation insuffisamment approfondie et à des lacunes apparues dès le secondaire. Ceci nécessite une réflexion sur le premier cycle et les méthodes pédagogiques qui y sont mises en oeuvre, thème sur lequel nous reviendrons dans un prochain post de ce blog.
Mais les difficultés sont aussi celles liées aux conditions de vie quotidienne des étudiantes et étudiants. Un des enjeux du prochain mandat sera d’accompagner la réalité de leur vie : le logement (premier facteur de précarité étudiante), la restauration et l’alimentation, la mobilité, la santé et les aides sociales. Certes, toutes ces dimensions ne relèvent pas de la responsabilité directe de l’université, mais la présidence d’un établissement en accueillant 80 000 jeunes, peut et doit, au nom de la communauté universitaire qu’elle représente, porter une voix forte auprès des acteurs locaux et nationaux en charge de ces questions, et être force de propositions innovantes. Par la création de logements dans toute la métropole, en mixité sociale (ou générationnelle) et en colocations solidaires. Par la multiplication et la diversification des lieux de restauration sur les campus avec les acteurs institutionnels, le monde de l’économie sociale et solidaire, les associations. Par la structuration de nouveaux partenariats dans le domaine de la santé sur le modèle du Conseil de Santé Mental Étudiant. Par la réalisation de véritables pistes cyclables sécurisées vers tous les campus.
L’université a aussi les moyens d’agir directement sur le bien-être des étudiants, et sur leur réussite, en adaptant les emplois du temps, en développant des lieux de vie conviviaux, en déployant une politique juste et individuelle d’exonération et d’aides sociales, en déployant plus largement les contrats d’aménagement des cursus et les aides spécifiques pour ceux qui en ont particulièrement besoin, étudiants salariés, en situation de handicap, en exil, en précarité, jeunes parents… L’université doit aussi lancer un programme d’information et de prévention face aux conduites addictives notamment les troubles liés à l’usage de l’alcool. Pour que ce dispositif soit plus qu’un dispositif, ré-introduisons de l’humain dans sa mise en œuvre en développant l’entraide entre pairs, d’étudiants à étudiants par l’incitation au compagnonnage et l’implication des enseignants.
C’est parce que leurs conditions de vie s’amélioreront que les étudiants pourront pleinement profiter de ce moment particulier de la vie qu’est la période des études universitaires. C’est un moment d’épanouissement, en particulier pour celles et ceux qui n’ont pas eu la chance d’évoluer dans un milieu familial favorisé. Culture, activités sportives, vie associative : une bonne articulation entre l’offre de l’université et celle des facultés, instituts et écoles, un soutien solide aux associations étudiantes feront de nos campus des lieux vivants, de socialisation tout autant que de formation, de rencontre entre des étudiants de formations différentes, mais aussi d’émancipation.
Nous devons ainsi donner les moyens à tous nos étudiants de devenir pleinement acteurs de la communauté universitaire, en généralisant et valorisant mieux la reconnaissance dans les maquettes d’enseignement de l’engagement associatif et citoyen, en respectant et soutenant le rôle des étudiants dans la démocratie universitaire (par la formation des élus étudiants et la reconnaissance de leur rôle), en accompagnant la formation à l’esprit critique et au débat (par des UE transversales, des projets collectifs pluridisciplinaires…), et en menant la lutte contre toutes les discriminations (par une procédure et un traitement des plaintes rapides, efficaces et respectueux des droits de toutes et tous).
L’Élan Collectif doit être un mouvement impulsé avec des étudiants épanouis et engagés, acteurs légitimes au cœur des processus décisionnels.