L’I-Site est devenu un enjeu de l’élection des 8, 9 et 10 novembre par la volonté des listes ‘SERVIR’ et ‘Pour une alternative à l’EPEX’. Mais pour s’engager dans une telle voie, il faut éviter les approximations ou les fausses informations afin que l’enjeu du débat soit clair pour notre communauté, en évitant d’en rester à une vision de l’I-Site qui est aujourd’hui largement datée.
L’I-Site a été labélisé en février 2017, sur la base d’un dossier initié en 2014, en réponse à un nouvel appel d’offre lancé par le Secrétariat Général pour l’Investissement (SGPI) dans le cadre du Programme d’Investissement d’Avenir (PIA). Ce PIA, lancé en 2010, a été maintenu sous trois présidences de la république successives. Si on peut porter un regard critique sur le chemin emprunté pour modifier le paysage universitaire français et regretter l’absence d’investissement massif, le choix collectif des exécutifs des trois universités lilloises a été fait de ne pas laisser le site lillois en marge de ce processus, après les deux échecs des dossiers portés par la Comue Lille Nord-de-France. Le label a été obtenu pour une période probatoire de 4 ans, visant à démontrer la capacité du site à répondre aux objectifs qu’il s’était fixés et aux recommandations du jury.
Une idée reçue reste tenace qui est que l’I-Site n’a qu’une vocation ‘recherche’. Il n’en est rien puisque la finalité des Idex et des I-Site est d’apporter une capacité des établissements à se transformer dans tous les domaines : institution, formation, recherche, valorisation et internationalisation. Le dossier déposé début 2015 et ses différentes versions, qui ont abouti à la labélisation I-Site, traitaient déjà de ces différents aspects. Le bilan de fin de période probatoire, déposé le 30 juillet 2021, a permis de faire le bilan des actions conduites dans ces différents domaines.
Il est clair que l’I-Site a été victime, comme sur d’autres sites, de la notion de périmètre d’excellence. C’était une demande du dossier que de caractériser les sites avec les marqueurs d’excellence de l’époque (Labex, Equipex…). Chaque site était libre d’effectuer cette caractérisation comme il le souhaitait. Sur le site lillois, après plusieurs projections selon différents critères, il est apparu judicieux (peut-être à tort) de choisir le modèle déterminant un périmètre d’excellence de 34% (quand d’autres sites se sont révélés moins restrictifs). Mais, de fait, il y avait un caractère restrictif, excluant en grand partie les secteurs SHS et DEG, alors même qu’il y avait nombre d’IUF dans ces deux secteurs, mais n’étaient pas inclus dans la modélisation. Très vite, conscient de cette difficulté, le collectif qui a rédigé les différentes versions du dossier a insisté sur le fait que ce n’était qu’un arrêt sur image à un instant déterminé et que la volonté était de conduire une dynamique qui favorise l’élargissement aux secteurs qui se sentaient exclus.
Il est probable qu’au début de l’I-Site, la stratégie n’a pas été suffisamment offensive pour provoquer cet élargissement, même si les premiers appels à projet étaient ouverts à l’ensemble des secteurs. Le sentiment renforcé d’exclusion a été renforcé par la création d’une fondation qui, si elle a apporté de la souplesse dans la gestion quotidienne, engendrait le sentiment que les choix étaient trop éloignés des centres de décisions de l’université. C’est à partir de ce constat, qu’à la faveur d’un changement de direction intervenu le 12 juillet 2018, la stratégie a été totalement revue, avec la volonté d’un rapprochement avec celle de l’université. Ceci était d’autant plus nécessaire que des signaux d’alarme étaient, au même moment, envoyé par le SGPI et l’ANR.
En trois ans :
- Une nouvelle stratégie a été mise en place, avec l’émergence d’une thématique transversale, autour d’une approche globale des questions de transitions (environnementales, sociales, culturelles, économiques, technologiques, sanitaires), partant du constat que les solutions trop simplistes ne sont pas opérantes face à des problématiques si complexes et intriquées. La pandémie, crise globale, a apporté un argument à la pertinence de cette démarche. L’objectif était aussi de fédérer l’ensemble des secteurs disciplinaires, pour pallier
aule sentiment d’exclusion, notamment des secteurs SHS et DEG
- Cette thématique transversale a pleinement justifié la création d’un quatrième hub ‘Culture, société et pratiques en mutation’, qui a bénéficié, en deux ans, d’un véritable rattrapage financier par rapport aux trois autres hubs, qui continuent à développer des projets en lien avec les SHS/DEG dans leur périmètre. Les clusters de recherche (3 par hubs) ont permis d’intégrer à la dynamique de l’I-Site des unités de recherche qui n’étaient pas initialement dans le périmètre d’excellence, permettant de s’affranchir de ce concept qui a disparu du fonctionnement de l’I-Site et n’est plus mentionné dans le dossier de fin de période probatoire.
- Il y a donc bien eu un élargissement du périmètre d’intervention de l’I-Site en matière de recherche, la quasi-totalité des unités de recherche ayant bénéficié de subventions (celles qui n’auraient rien obtenu seraient celles qui n’ont répondu à aucun AAP ni ne sont intégrées à aucune dynamique). A titre d’exemple, on peut citer le CERAPS (unité de recherche dans laquelle émargent plusieurs membres des listes intersyndicales) qui a bénéficié de 581 000 euros de subventions en 3 ans.
- Le secteur santé n’a pas été le mieux servi puisque c’est la FST qui a bénéficié le plus de l’I-Site avec 28 millions d’apport en 4 ans. Plus récemment, l’I-Site soutient une Initiative pour l’Ingénierie à Lille, avec une première subvention de 650 000 euros, pour aider au développement de projets collaboratifs entre Polytech, l’ENSAIT et Centrale Lille, sur trois thèmes prioritaires : énergie, santé et textile.
- La formation est le deuxième champ d’intervention de l’I-Site, avec deux niveaux d’action principaux. Le premier est l’innovation pédagogique avec la création du ‘Lille Learning Lab’, qui comprend une plateforme principale à Pont de Bois et des antennes sur différents campus (2 millions d’euros), auquel s’ajoute les 700 000 euros alloués en juin 2020 (en complément des fonds dégagés par l’université) pour l’achat de matériel audiovisuel, permettant de préparer la rentrée de septembre 2020. Le deuxième niveau d’action a été la création de programmes gradués, s’appuyant sur les parcours de master à forte valence recherche, qui visent à rendre les formations master-doctorat plus interdisciplinaires et internationales. Cette stratégie a permis d’obtenir des moyens supplémentaires via l’appel SFRI, lancé par le SGPI. Mais, il y a eu une prise de conscience que dans ses objectifs actuels l’I-Site n’avait pas pu aider le premier cycle justifiant : (i) la place du premier cycle dans les perspectives mises en avant dans le dossier de fin de période probatoire ; (ii) un projet consacré à la formation et à la réussite étudiante pour la réponse à l’AAP ‘Excellences’ lancé par le SGPI.
- Les liens avec les collègues belges et anglais ont été renforcés, à travers de nombreuses mobilités financées et des projets collaboratifs
- Le partenariat avec le monde socio-économique a permis de nombreuses opérations en lien avec la question des transitions, vectrices de créations d’emplois, de start-up… Ceci concerne aussi les SHS avec une aide ciblée en lien avec la SATT, dont un des exemples emblématiques, qui n’aurait peut-être pas vu le jour sans l’I-Site, est la création d’une école (Ibrik) d’apprentissage du français pour les migrants, qui fait suite au projet Migralang, soutenu par l’I-Site et porté par Juliette Delahaie.
- Dès la réflexion sur la création de l’EPE, la dissolution de la fondation I-Site a été proposée, avec l’idée qu’à la création de l’EPE, les fonds i-Site soient directement gérés par l’université favorisant une meilleure appropriation par les communautés. Cependant, la gestion a toujours été transparente, avec des orientations stratégiques et budgétaires discutées et votées en conseil d’administration, en présence des représentants de l’université et de l’ensemble des membres fondateurs. A leur demande, un bilan de tous les projets financés a été envoyé à la FSU le 9 juin 2021, avec une note explicative sur la ventilation des masses budgétaires.